Quand les athlètes défient les institutions
Les athlètes ne font plus seulement valoir des aptitudes physiques et des performances. Engagés, ils se positionnent aussi désormais sur des sujets-clés. Et n'hésitent plus à afficher leurs désaccords avec les institutions. Dernier en date, le skieur alpin suisse Daniel Yule qui a annoncé son intention de reverser la moitié de ses éventuelles prochaines primes de course décrochées en Coupe du monde à l’ONG américaine « Protect Our Winters » (une victoire en Coupe du monde rapportant environ 40000€). Simple action solidaire et environnementale ? Pas seulement puisque le slalomeur a a tenu, par cette action à répondre aux propos récents du président de la Fédération Internationale de Ski, Gian Franco Kasper, qui remettait en cause, il y a quelques semaines, le réchauffement climatique.
Le choix de l'association bénéficiaire tout sauf anodin
Des propos qui avaient évidemment fait beaucoup de bruit, au sein de la communauté du ski comme en dehors. « J’étais chiffonné d’une part par les propos de Gian Franco Kasper, explique Daniel Yule dans un entretien accordé au ski Skiactu.ch. De l’autre, dans la communauté du ski, nous sommes conscients du problème, mais nous n’en faisons malheureusement pas assez. (…) En tant que skieur suisse faisant partie des cinq meilleurs slalomeurs du monde, j’arrive à gagner relativement bien ma vie et je suis en position de pouvoir faire ce geste envers une association. Mais d’autres athlètes peinent à joindre les deux bouts et on ne peut leur demander d’en faire autant. » Certainement pas anodine non plus le choix de l'association du skieur suisse qui s'est tourné vers Protect Our Winters, celle-là même qui demandait la démission de Gian Franco Kasper, président de la FIS depuis 1988, suite à ses propos. Daniel Yule s'est par ailleurs porté candidat pour être délégué des athlètes auprès de la FIS et entend bien, s'il est élu, porter notamment cette problématique climatique.
Et l'action du skieur helvétique n'est pas un cas isolé. Comme le met en avant le site francsjeux.com, les actions se multiplient : de la plainte portée par des nageurs contre la FINA, la fédération internationale, après l'interdiction de l'organisation d'un meeting en Italie d'une organisation privée concurrente ou la création d'une organisation, Global Athlete, par Callum Skinner, champion olympique de cyclisme sur piste aux JO de 2016 pour porter la voix des athlètes. Preuves que les athlètes veulent désormais défendre davantage que des couleurs et des médailles.