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04/11/2019  |  Union

Sport féminin : retour sur notre matinale

Coupe du monde de football féminine, nouvel emblème de Paris 2024 : le sport féminin n’en finit pas de faire l’actualité. Tant du point de vue de la reconnaissance des athlètes de haut niveau que du développement de la pratique, il poursuit son chemin vers l’égalité de traitement avec le sport masculin. Pourtant, de nombreux obstacles restent à lever pour y parvenir. Retour sur une riche matinée d’échanges, autour de Frédérique Jossinet, directrice Football féminin et féminisation à la Fédération française de football (FFF) et Bénédicte Buisson, GM Women Nike-Paris/France, Benelux, Nordics.

Un traitement médiatique inégal pour le haut niveau

Le témoignage de Frédérique Jossinet, ancienne sportive de haut niveau, illustre en quoi la médiatisation des performances féminines dépend du sport pratiqué. Dans certaines disciplines comme le judo, les sportives et les sportifs concourant au même endroit et au même moment, la compétition est alors relayée de manière similaire par les diffuseurs (bien que les sportives doivent, selon Frédérique Jossinet, faire davantage leurs preuves que leurs collègues masculins pour attirer des sponsors). Ce n’est évidemment pas le cas des sports collectifs, notamment, dont les compétitions sont séparées et ne bénéficient pas du même écho médiatique.

Lors de son passage en cabinet ministériel (elle était conseillère de Valérie Fourneyron, alors ministre de la Jeunesse et des Sports), Frédérique Jossinet a suivi la mise en place des événements tels que les 24 heures du sport féminin, en collaboration avec le CSA. En moins de dix ans, la diffusion de sport féminin est passée de 7% à 20% du sport diffusé à la télévision. Ce résultat illustre la nécessité de rassembler et de fédérer l’ensemble des acteurs pour obtenir le coup de projecteur et provoquer une prise de conscience.

Au-delà de ce traitement médiatique, les fédérations manifestent de plus en plus la volonté d’accompagner les athlètes féminines de la même manière que leurs homologues masculins. Les parcours vers la haute performance proposées aux sportives féminines sont généralement comparables à ceux proposés aux sportifs masculins.

Des fédérations mobilisées pour le développement de la pratique

Lorsqu’elle travaillait auprès de Valérie Fourneyron, Frédérique Jossinet a également accompagné l’adoption de plans de féminisation par les fédérations sportives. Sept ans après, les résultats sont là : les fédérations dont la pratique féminine s’est le plus développée sont celles qui s’étaient engagées dans l’élaboration de ces plans. Désormais, la plupart des fédérations se sont saisies de cet enjeu et mettent en place des programmes de développement du sport féminin. Une étude du ministère des Sports viendra prochainement confirmer l’importance du sport féminin dans l’évolution de la pratique sportive entre 2012 et 2017.

La FFF, pour laquelle travaille désormais Frédérique Jossinet, se veut volontariste pour développer la pratique du football par les femmes et féminiser les instances du football national. Ce travail a porté ses fruits : alors que la fédération comptait 45 000 licenciées en 2012, elle en compte aujourd’hui 186 000. Ce développement s’est appuyé sur deux types d’actions. D’abord, la création d’événements (Semaine du foot féminin, Portes ouvertes dans tous les clubs…) permettant de sensibiliser et de promouvoir la pratique féminine du football. En parallèle, la fédération s’est dotée d’un plan stratégique sur quatre ans avec des objectifs quantitatifs et qualitatifs. La volonté de la Fédération est de fidéliser le plus longtemps possible les filles qui s’inscrivent dans un club. Pour cela, elle propose des alternatives à la pratique du football à 11 (football à 8, à 5…) et met en place des programmes leur permettant de devenir éducatrices ou dirigeantes.

C’est dans cette dynamique que la FFF a souhaité candidater à l’organisation de la Coupe du monde féminine. L’accueil de cet événement a été l’occasion d’une véritable fête du football féminin et a permis la mise en place d’un plan d’héritage.

Lever les freins à la pratique féminine : le rôle des entreprises

Bénédicte Buisson a expliqué aux participants à notre matinale que, depuis sa création en 1972, Nike s’est toujours intéressé à tous les athlètes, donc au sport féminin. Nike considère qu’il existe des freins à la pratique sportive féminine à chaque niveau de pratique et à chaque âge. Pour y remédier, l’entreprise travaille avec les pratiquantes/consommatrices afin de comprendre ces freins et de proposer des solutions permettant de les dépasser : promotion de « rôles modèles », innovations et commercialisation de produits spécifiques pour les femmes : chaussures, pantalons de sports, soutien-gorge de sport…

Depuis plusieurs années, Nike conduit également des actions spécifiques pour assurer la promotion du sport féminin. En partenariat avec l’ONG Play International, la marque organise des actions de sensibilisation dans une trentaine d’écoles d’Île-de-France pour améliorer la relation au sport dès le plus jeune âge. Par ailleurs, l’entreprise vient de s’engager aux côtés de l’association Sport dans la Ville pour le développement de la pratique de nouveaux sports pour les filles de l’association et la formation de coach féminines. Enfin, dans le XIXe arrondissement de Paris, Nike travaille avec les acteurs locaux (écoles, mairie d’arrondissement…) pour sensibiliser les filles au « mouvement journalier » et créer une habitude au mouvement. Résultat : 100% des filles qui ont participé à ce programme se sont inscrites dans un club de sport à la rentrée scolaire.

La pratique féminine : un fort levier de croissance pour les entreprises

Les ventes d’articles de sports destinés aux femmes représentent 12% du marché en France contre 24% aux Etats-Unis. Les marges de progression de ce marché sont donc considérables, tant sur les produits techniques que sur les produits lifestyle. Les entreprises ont tout intérêt à s’adapter aux demandes des sportives : Nike a relevé que, souvent, les consommatrices privilégiaient l’aspect et le style du produit avant ses caractéristiques techniques. La marque se concentre donc d’abord sur le style de ses produits, auxquels elle insère sa technologie. Au-delà, l’éducation sur le choix des bons produits, adaptés à la pratique sportive féminine, est essentielle.

De la même manière, la pratique sportive féminine se caractérise souvent par la multi-activité (running, fitness…), davantage que la pratique masculine. Conscient de ce phénomène, Nike propose des produits multisports permettant aux consommatrices de réaliser ces différentes activités.

La place des entreprises et de l’offre privée complémentaire à celle des fédérations, avec des pratiques hybrides et ludiques comme le foot 3x3, est importante. Cette offre permet une autre pratique, accessible à toutes et à tous, sans compétition officiellement reconnue. Les entreprises doivent également prendre en considération ces demandes, avec l’adaptation des équipements de proximité comme les aires de fitness, à la taille des filles & femmes, dans un espace public marqué par une omniprésence masculine.

 

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Compte-rendu Matinale - Sport féminin pdf / 370.12 ko
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