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08/03/2019

Les femmes, l'avenir du marché du sport

Dans l'univers du sport, il y a définitivement bien plus qu'une seule journée internationale des droits des femmes dans l'année ! Parce qu'elles sont toujours plus nombreuses à pratiquer une activité physique, parce qu'elles deviennent de plus en plus médiatisées sur les événements sportifs, parce que, plus globalement, elles sont toujours plus nombreuses à s’y intéresser... Mais aussi parce qu'elles sont devenues des consommatrices cruciales pour le développement de ce marché.

« La femme est l'avenir de l'homme ». Les joueuses de l'équipe de France de football sont les premières à croire dur comme fer à cet adage à l'aube de leur grand défi, la Coupe du monde en France en juin prochain, avec l'espoir de soulever les passions... et la coupe, 12 mois après leurs homologues masculins, et à la maison qui plus est. Un beau challenge et une chance inouïe de se présenter en véritable symbole de l’excellence du sport féminin français dans toute sa globalité.

Car si les femmes ont pendant longtemps été reléguées au second plan dans l'univers du sport, elles se sont progressivement imposées comme une cible privilégiée du marché. Plus seulement les femmes compétitrices passionnées, mais les femmes dans toute leur diversité, de la jeune étudiante à la retraitée, de la citadine à la montagnarde, de la mère de famille divorcée à la cadre quinqua... En 2017, une Française sur deux (de 18 à 70 ans) déclarait avoir pratiqué régulièrement une activité physique ou sportive au cours des 12 derniers mois. C'est donc une palette de profils très variés qui compose les quelques 14,5 millions de pratiquantes régulières (Etude Sport dans la ville, UNION sport & cycle, 2017). Et pas moins de 6 millions de Françaises se déclarent prêtes à commencer ou reprendre une activité sportive (44% fitness, 25% vélo, 24% natation, 21% randonnée). Une aubaine pour les acteurs, de tout ordre, de cet univers qui sauront trouver les formules pour répondre à leurs attentes et leurs envies.

 

Bientôt plus de runneuses que de runners*

Les runneuses affichent un profil différent de leurs homologues masculin. Elles ont en moyenne entre 25 et 49 ans, courent en moyenne moins longtemps (37min contre 43 min) et pratiquent davantage pour des notions de bien-être (santé, apparence physique ou confiance) que pour épingler un dossard ou lorgner une performance. N'empêche qu'elles seront probablement bientôt plus nombreuses que les hommes à courir, frôlant la parité en 2017 (49% de femmes, 51% d'hommes) ! Surtout quand on s'intéresse au phénomène d'engouement récent pour le running : 1 femme sur 3 court depuis moins de 5 ans et le peloton a été rejoint par 2 millions de runneuses sur les 5 dernières années. A l'instar de la pratique sportive globale, le boom devrait se poursuivre puisqu'elles étaient 1,2 millions de femmes à déclarer vouloir pratiquer le running dans les 12 prochains mois.

* Tous les chiffres sont issus de l'Etude Féminisation du running réalisée en 2017 par l’UNION sport et cycle auprès d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et +.

Les femmes, relais de croissance crucial pour le marché du sport

Il est loin le temps où les rayons de sport féminin étaient de simples copies des modèles hommes déclinés en rose ! Les femmes sont toujours plus nombreuses à pratiquer et, par conséquent, deviennent des consommatrices intéressantes pour un marché du sport féminin estimé par l’UNION sport et cycle à 3 milliards d'euros (chaussures/textile/équipement). La croissance de la chaussure de sport femme depuis 2012 en dit long sur l'évolution de ce marché : elle a bondi de +65% quand celle du textile sport a augmenté de 8%. Elle représente désormais 37% des parts de marché du textile sport en 2017 et 33% pour celui des chaussures de sport mais connait une croissance bien supérieure que le segment homme plus mature (+10% en 2017 pour le segment textile femme contre 1% pour l'homme).

Actrices... et spectatrices !

Le combat engagé pour parvenir à une équivalence de médiatisation, notoriété et rémunération des sports de haut niveau féminin et masculin est encore loin d'être gagné mais les mœurs évoluent. Les médias jouent un rôle crucial dans cette évolution à la fois de perception et de pratique. Preuve en est, l'explosion du nombre de licenciées à la Fédération Française de Football (+90% depuis 2011 d'après une étude réalisée par le CSA en 2017) qui correspond au net renforcement de l'exposition médiatique du football féminin et notamment des matchs de l'équipe de France. Les femmes sont d'ailleurs des spectatrices intéressées d'événements sportifs, pas moins de 65% suivent le sport à la télévision d'après l'Etude Sport Dans la Ville 201 de l'USC. Elles sont même plus nombreuses que les hommes à suivre le sport sur les réseaux sociaux (19 contre 17%). Preuve, une fois encore, que cette cible est captive si tant est qu'on sache comment s'adresser à elle.

Pratiquantes loisir ou haut niveau, consommatrices ou spectatrices, les femmes occupent plus que jamais un rôle majeur pour l'univers et le marché du sport. Mais y sont-elles suffisamment représentées dans l'organisation et le commerce du sport en France ? Corinne Gensollen (directrice générale d'Intersport France), Nathalie Boy de la Tour (Présidente de la Ligue de Football Professionnel), Roxana Maracineanu (Ministre des Sports qui a succédé à Laura Flessel) en sont des étendards chacune dans leur domaine. Mais quand on découvre qu'on peut compter sur les doigts d'une main les présidentes parmi la près de centaine de fédérations sportives françaises (dont Françoise Sauvageot, présidente de la FFEPGV, Véronique Moreira, présidente de l'USEP ou encore Betty Charlier, présidente de la Fédération Française Sport pour Tous...), on se dit que la mission est encore relevée. Et qu'une journée internationale des droits des femmes n'est pas inutile pour en prendre, encore davantage, conscience.

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